Alphonse Darville est un sculpteur de talent. Ses oeuvres naissent d'un long cheminement intellectuel qui passe par une étude approfondie du sujet. Il trouve son inspiration dans l'Antiquité grecque mais également dans la culture orientale et dans le bouddhisme zen. Tout jeune déjà, il éveille son esprit en participant aux Jeudis de Roger Desaise. Ces réunions rassemblent les meilleurs artistes, penseurs et écrivains de la région de Charleroi. Elles sont dirigées par le poète et sophiste Roger Desaise qui oriente les débats et stimule les esprits vifs de ses jeunes poulains. Rien n'est laissé au hasard dans la production d'Alphonse Darville. Chaque détail est étudié. Sa production se veut épurée. Ses oeuvres sont d'une grande simplicité sans que l'artiste n'ait pour autant cédé à la facilité.

L'art de la médaille est un art difficile et exigeant qui implique la transmission d'un message. La médaille revêt un caractère commémoratif étroitement lié à l'actualité et à l'histoire. C'est un objet d'image et de lettres lié aux collectivités et à l'homme en particulier. La médaille est ainsi un outil de communication dont le langage doit être simple et compréhensible afin d'imposer un souvenir au plus grand nombre. Darville excelle dans cet exercice. Sa capacité à décortiquer le sujet, à l'analyser pour en extraire les éléments essentiels et son talent à l'inscrire dans une composition sobre, épurée et équilibrée en font un maître dans ce domaine.

C'est l'invention du tour à portrait par Hulot en 1766 qui fera évoluer la technique de réalisation des médailles vers un travail de sculpture. Au lieu de procéder à la taille directe de la matrice, les artistes modèlent désormais leur projet en grand avant de le confier à la machine à réduire. A partir d'un modèle en terre cuite, l'artiste tire, par moulage, un négatif puis un positif en plâtre. Le fabricant en réalise une empreinte en araldite ou en métal qu'il fixe au tour pour réduction. Un tour à réduire fonctionne à la manière d'un pantographe : un palpeur transmet les informations sur le relief du modèle à une fraise qui grave le bloc d'acier fixé à l'autre extrémité donnant ainsi une matrice. Soumise à la trempe pour renforcer sa solidité, la matrice sera ensuite fixée à la presse afin de frapper les médailles. Alphonse Darville travaillera presque exclusivement avec les sociétés bruxelloises Fonson et Fibru-Fisch pour la réalisation de ses médailles.